Roubaix, épicentre de la mode de demain

Roubaix, épicentre de la mode de demain

Ce n’est certes pas nouveau, mais il semblerait que l’effervescence qui règne à Roubaix en matière de réinvention de la mode prenne encore de l’ampleur en 2018. La preuve avec 2 événements majeurs qui se tiendront à l’ENSAIT, l’Ecole d’Ingénieurs Textile de la ville, avant l’été : la rencontre organisée le 24 mars par le mouvement Anti_Fashion et La Redoute, entreprise implantée localement depuis 180 ans et, deux mois plus tard, la première édition des Fashion Green Days, Forum de la Mode Circulaire, à l’initiative de la très active association Nordcréa.

Ancien fleuron de l’industrie textile du milieu du XIXème siècle à la fin des années 70, Roubaix subit encore de plein fouet aujourd’hui les effets post-désindustrialisation. Néanmoins, les initiatives ne cessent de se multiplier pour réinventer l’héritage de la ville. Selon Majdouline Sbaï, sociologue spécialiste de l’environnement et pilote du projet Fashion Green Days, « on sent partout à Roubaix que la désindustrialisation textile, donc le déclin d’une économie non durable, a eu beaucoup d’effets négatifs… Mais la ville est du coup habitée par une vraie volonté de rassembler, de fédérer, et par des dynamiques citoyennes, associatives et entrepreneuriales très fortes pour tenter d’apporter des solutions aux difficultés sociales et écologiques ». Stéphanie Calvino, fondatrice de l’Anti_Fashion Project à Marseille, a passé beaucoup de temps à Roubaix ces derniers mois et fait un constat similaire : « un peu comme Marseille, Roubaix est une ville qui fait face à des difficultés économiques et sociales importantes, mais qui du coup regorge d’énergie et de dynamisme pour faire bouger les choses. J’ai remarqué qu’on est souvent beaucoup plus créatif quand on a peu de moyens et qu’on apprend à mobiliser au mieux ses ressources ».

Samedi 24 mars à Roubaix, le mouvement Anti_Fashion Project, qu’elle a fondé aux côtés de Li Edelkoort, sera l’invité de La Redoute pour une journée d’échanges sur la thématique « comment repenser le système de la mode ». Ce premier rendez-vous sera l’occasion de présenter le programme de mentoring développé à Roubaix depuis octobre 2017, en partenariat avec La Redoute à l’initiative de Sylvette Lepers. Ce projet a été initié à Marseille en janvier 2017 sous l’impulsion de Sébastien Kopp, co-fondateur de Veja, et de Stéphanie Calvino. Le programme d’accompagnement créatif autour de l’upcycling a ensuite été pensé par Pierre Violet. Le principe est de permettre à des jeunes entre 18 et 25 ans issus de quartiers défavorisés de s’initier à la création textile et de trouver ensuite un emploi dans la filière Mode. A Marseille, les participants avaient travaillé sur la base de jeans de seconde main. Les jeunes roubaisiens travaillent quant à eux sur des créations à partir de stocks d’invendus de La Redoute. Ils présenteront samedi les débuts de leurs projets à l’ENSAIT. L’événement, gratuit et ouvert à tous, permettra au travers de différents talks de réfléchir collectivement aux grands défis à relever pour rendre l’univers de la mode plus responsable, de la création à la médiatisation, en passant par la formation. Parmi les intervenants, plusieurs membres du Label UAMEP seront présents, notamment Monia Sbouaï de Super Marché qui animera un workshop d’upcycling pour l’occasion (retrouvez le programme complet de la journée ici).

Animés par la même volonté de penser la mode de demain, les Fashion Green Days se tiendront les 24 et 25 mai prochains. Ils viennent compléter les Fashion Tech Days, également organisés à Roubaix par Nordcréa depuis 3 ans. Pour Majdouline Sbaï, l’objectif de ce nouveau forum est clair : « il s’agit de valoriser les entreprises et créateurs de la mode circulaire – englobant à la fois l’éco-conception et les problématiques de fin de vie des  produits, qui forment l’avant-garde de la mode aujourd’hui. Mais aussi de faire en sorte d’inspirer et de susciter des collaborations avec les entreprises qui ne sont pas encore aussi avancées en la matière ». Sur deux jours, avec 40 marques de mode éco-responsables et 30 talks prévus (plus de détails ici), les Fashion Green Days provoqueront ainsi des rencontres entre experts, créateurs, professionnels et entreprises textile, étudiants et grand public, afin de montrer que « cette mode qui fait du bien à la Planète et aux Hommes » nécessite une approche complètement différente, tant du point de vue de la création que des modèles économiques.Grâce à son histoire et à son écosystème textile et citoyen tourné vers l’innovation sociale et digitale, Roubaix est ainsi bien en passe de devenir une nouvelle capitale de la mode responsable et circulaire. Majdouline Sbaï et Stéphanie Calvino en sont toutes les deux convaincues. « Aujourd’hui on souhaiterait que Roubaix devienne la capitale d’une nouvelle révolution, celle de la mode circulaire, de la transition écologique, qui renvoie à la « troisième révolution industrielle » théorisée par Jérémy Rifkin », conclut la sociologue. Une fantastique voie d’évolution pour cette ville du Nord, déjà pionnière en matière de « zéro déchet citoyen », afin de créer de l’emploi et de pérenniser les savoir-faire historiques de manière durable.

Crédit photo de couverture : Anne-Laure Eustache / P.O.P

Anne-Laure Eustache, pépite du Nord

Anne-Laure Eustache, pépite du Nord

Membre fondateur du label UAMEP et ambassadeur par le biais de sa marque de prêt à porter P.O.P, Anne-Laure Eustache a de multiples talents à son arc de créatrice : styliste passée par l’Ecole Supérieure des Arts Appliqués Duperré, nouvellement iconographe diplômée de l’Université de Lille, elle a grandi entre Vienne, où elle a passé 15 ans durant sa jeunesse, et le Nord-Pas-de-Calais, où elle habite et travaille aujourd’hui.

Résidente aux Ateliers Jouret à Roubaix, elle expérimente sans cesse les frontières entre art et mode, images et mots, matières organiques et textiles. La poésie, les cultures alternatives, les savoir-faire et savoir-vivre du monde l’habitent et sont des sources permanentes d’inspiration dans son travail de création. Les collections P.O.P, uniquement fabriquées par Anne-Laure elle-même dans son atelier à partir de tissus scrupuleusement sourcés chez des fournisseurs français partenaires de longue date, sont ainsi épurées, faciles à s’approprier et en même temps chargées de rêve et de sensibilité.

« Kim », « W(e)aves », « Pensées abstraites d’une grenade en hiver », « La Course », leurs noms invitent au voyage imaginaire et émotionnel, à l’image des vêtements-caméléons qui les composent. Dans sa démarche, la créatrice est en recherche permanente, et tente de « faire de la simplicité une discipline de vie », tout en acceptant la complexité des ressentis humains, comme elle l’explique dans son portrait chinois pour le magazine Hummade (à lire en intégralité ici). Exigence, réflexion, respect, engagement humain et artistique, minimalisme… autant de partis pris qui fondent l’essence même du label UAMEP et dont Anne-Laure Eustache est une parfaite incarnation.

Retrouvez tout son univers sur le nouveau site des collections P.O.P ainsi que son édito « La simplicité est un long voyage », expliquant son engagement dans UAMEP.

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4 mois se sont écoulés depuis le lancement officiel du Label Une Autre Mode Est Possible.
4 mois intenses de rencontres, de démarches et de nouvelles idées.

4 mois qui nous ont empiriquement confortés dans notre envie brûlante d’agir et de réfléchir collectivement pour réunir tout simplement les histoires créatives de chacun.
Nous avons eu l’honneur d’annoncer la semaine dernière l’entrée au sein du Label UAMEP de nos 5 premiers membres adhérents, dont le talent et l’essence des projets sont un parfait condensé de ce que voulons porter : About A Worker, Coralie Prévert, La Petite Mort, Marie Labarelle et Super Marché.

Ancrées dans la création textile contemporaine et indépendante, ces marques passionnantes partagent une approche engagée, alternative et artistique. Les créateurs viennent également enrichir le label par leurs singularités : les imprimés Art Déco et linguistes de Coralie Prévert, les lignes poétiques, architecturales et « zéro déchet » de Marie Labarelle, l’upcycling épuré et solidaire de Super Marché, le street wear solaire de la Petite Mort ou encore la dimension sociale et interculturelle d’About A Worker donnant la parole créative aux ouvriers du textile.

Nous avons également une pensée particulière pour les créateurs que nous avons décidé de ne pas intégrer pour l’instant au Label malgré leurs grandes qualités, parce que nous avons jugé la démarche prématurée, ou encore parce leur direction artistique est différente de la nôtre. Mais c’est aussi grâce à eux et aux riches échanges que nous avons eus ensemble que nous grandissons chaque jour autour d’une signature artistique claire qui se nourrit sans cesse de la diversité.

Nous nous imposons en effet l’exigence de faire des choix (« Pas si simple »), dans le strict respect de notre charte et de nos directions artistiques. UAMEP avance pas à pas, en privilégiant toujours le moins mais mieux, la qualité sur la quantité. Nous poursuivrons en 2018 les différentes actions que nous avons initiées : prises de parole, afterworks collectifs, shootings croisés dédiés à la création, en tenant compte du rythme de chacun. Des projets concrets créatifs comme le lancement de carnets de tendances et d’une académie accompagnant les talents naissants sont amorcés et prendront le temps nécessaire de l’éclosion.

Belle année à tous, et que 2018 soit une année de récolte pour la jeune création alternative et consciente.

Cécile-Jeanne

« UAMEP x UAMEP » : fashion edito #1

« UAMEP x UAMEP » : fashion edito #1

En décembre, Une Autre Mode Est Possible a inauguré, en partenariat avec le magazine Hummade, une série de fashion editos mettant en scène les vêtements des créateurs membres du label portés par d’autres membres. L’objectif est simple : montrer en images l’essence du collectif que nous avons créé de manière organique en octobre dernier. Montrer que la création artistique et durable est notre langage commun. Montrer qu’une autre mode n’est possible que par le biais du partage et de l’échange humain.

Pour le premier shooting de la série « UAMEP x UAMEP » qui s’étendra sur l’ensemble de l’année 2018, nous avons choisi de réunir nos membres ambassadeurs W.Y.L.D.E. et ATELIER BARTAVELLE, sous l’objectif de la photographe Nafissa Harvoire. Au sein du groundfloor rouge électrique de l’hôtel Le Pigalle à Paris, Clarissa Acario, DA et styliste de W.Y.L.D.E., et Marylène Magnaud, Directrice de la communication et du développement, se sont ainsi prêtées au jeu de modèles d’un jour habillées par les créations solaires et responsables d’ATELIER BARTAVELLE.

Complicité, art et rock’n’roll : retrouvez l’intégralité du fashion edito sur Hummade.

Les Récupérables : upcycling solidaire

Les Récupérables : upcycling solidaire

KOTIDIENNE est la nouvelle collection de la marque de prêt-à-porter éco-conçu Les Récupérables. Une collection faite de K déclinés en Kipants, Kiplisse, Kiva, Kantic, Klickbag. Une vraie réussite d’automne où se côtoient le bordeaux, le vert amande, le bleu électrique, les fleurs, les carreaux. Avec comme base, comme depuis la création de la marque par Anaïs Dautais Warmel, enfant du monde, DA de talent et militante slow wear, les principes de l’upcycling et de l’éco-conception : tous les textiles sont de seconde main, chinés en ressourceries et réseaux de recyclage textile. La confection est ensuite confiée à de petits artisans parisiens et ateliers de réinsertion. Produire à partir de l’existant, encourager la solidarité, préserver les ressources en réinventant le vêtement… Voilà comment la mode pourrait changer en douceur le monde…

http://www.lesrecuperables.com

MADE & MORE : l’entrepreneuriat au féminin

MADE & MORE : l’entrepreneuriat au féminin

Made & More est avant tout un projet entrepreneurial porté par une femme battante et solaire, Stéphanie Fellen. En 4 ans, elle a, pas à pas, réussi à imposer la marque comme un fleuron de la jeune création responsable en Belgique.
Son credo « fashion with respect » résonne dans chacune de ses collections capsules, toutes fabriquées en Europe dans des ateliers familiaux à partir de très belles matières écologiques rigoureusement choisies.
Rien de tel pour saisir l’âme d’un projet de se plonger dans la personnalité, les goûts et les sources d’inspiration de son créateur. Nous avons fait avec Stéphanie l’exercice du portait chinois pour plonger dans l’essence humaine de Made & More… À lire ici.